Nova Magazine # 93, Septembre 2002, p. 49.


Bacille de Kac

En 2000, il avait choqué avec son lapin génétiquement modifié vert fluo. Kac récidive avec “Genesis”, une œuvre transgénique conciliant art, biologie, religion, éthique et nouvelles technologies.


A partir d’un verset de la Bible traduit en morse puis converti en paires d’ADN, l’artiste brésilien Eduardo Kac a créé un “gène d’artiste”. Celui-ci est intégré à une bactérie dans une boîte de Pétri.
Un projecteur vidéo projette l’image agrandie de son dévelopement. Les spectateurs assistent en temps réel à l’évolution de l”œuvre, dont le processus peut être modifié par les internautes en éteignant les lumières UV à distance.
Une installation à découvrir parmi celles des plus éminents représentants du bio art à la troisième édition du festival international @rt outsiders.

Trois questions à Kac

Dans vos œuvres, vous utilisez simplement la technologie scientifique ou vous la critiquez?

Kac: L’art transgénique va contre l’idée du déterminisme scientifique. On ne peut pas avaler tout ce qu’on nous dit. Derrière la façon dont l’industrie présente les bio-technologies à la société, il y a des motivations économiques. En même temps, si on peut sauver la vie d’un enfant grâce à la biotechnologie, comment nier les conséquences positives? C’est cette complexité qui se retrouve dans mon travail, j’essaie de ne pas réduire le débat à “bien” ou “mal”.

Avec “Genesis”, vous invitez le public à participer au processus transgénique. Les chercheurs devraient-ils en faire autant et laisser les gens intervenir dans leurs travaux?

Sans aller jusque-là, l’art et la science font tous deux partie de la culture, et de ce fait, n’appartiennent pas à de petits groupes d’individus dans des laboratoires isolés. Ils appartiennent à tout le monde. Ils doivent pouvoir être vus et discutés sur la place publique.

Pensez-vous faire partie d’une généalogie de techno-artistes, depuis Nam Jum Paik et d’autres?

Je me vois comme un artiste, pas comme un techno-artiste. Je me sers des outils de mon époque, comme d’autres se sont servis du pinceau et de l’huile pour peindre des icônes. Je parle du présent, comme les poètes Catulle et Martial en leur temps.




Au micro: Léon Mercadet @rt Outsiders du 18/09 au 20/10 à la Maison européenne de la Photographie: 82, rue François Miron, 75004 (01 44 78 75 00).


Back to Kac Web