L'art à l'ère des biotechnologies
La question du vivant dans l'art transgénique d'Eduardo Kac

Mathieu Noury

Le Manuscrit, Paris
Paru le : 25 / 02 / 2008
209 pages - 140 X 225 mm

EAN 9782748199680
ISBN 2-7481-9968-5

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La création artistique contemporaine nous a confronté à bien des originalités. S’aventurant dans des territoires aussi diversifiés qu’inattendus, elle a parfois suscité l’émerveillement, d’autres fois, l’incompréhension totale. Éprise d’un appétit insatiable de créativité, elle a voulu s’approprier jusqu’à nos territoires les plus intimes. Ainsi, qu’en est-il lorsque l’art s’empare de la vie ? Lorsque l’artiste se pose non plus comme créateur de formes ou de couleurs mais comme créateur de vie ? Quand l’art quitte l’espace de la représentation et de l’abstraction pour passer à l’acte d’une manipulation concrète du vivant ? Qu’est-ce qu’un tel art peut bien nous apprendre sur les représentations du vivant à l’ère des biotechnologies ?

Cet essai propose d'analyser la représentation du vivant dans l'art transgénique d'Eduardo Kac. Mouvement artistique contemporain, l'art transgénique s'inscrit, plus largement, dans la perspective d'un champ nouveau d'investigations artistiques, l' « art biotechnologie », qu'il nous faudra préalablement contextualiser dans le monde de l'art contemporain et qui nous servira de point synergétique à partir duquel il sera possible de rendre compte théoriquement d'une nouvelle représentation du vivant. De manière plus précise, nous nous intéresserons à l'artiste Eduardo Kac, pionnier de l'art transgénique, dont les pratiques consistent à l'utilisation du génie génétique afin de créer des êtres vivants uniques. discours d'Eduardo Kac sur ses oeuvres, il sera démontré les intrications conceptuelles entre la représentation du vivant dégagée de ses oeuvres et le paradigme informationnel. En ce sens, nous tenterons de démontrer la validité de l'hypothèse selon laquelle la logique sémantique définissant la représentation du vivant d'Eduardo Kac représente un cas idéal-typique d'une nouvelle représentation du vivant, dont le cadre paradigmatique est issu du modèle informationnel ou cybernétique.


Table des matières

La création artistique contemporaine nous a confronté à bien des originalités. S’aventurant dans des territoires aussi diversifiés qu’inattendus, elle a parfois suscité l’émerveillement, d’autres fois, l’incompréhension totale. Éprise d’un appétit insatiable de créativité, elle a voulu s’approprier jusqu’à nos territoires les plus intimes. Ainsi, qu’en est-il lorsque l’art s’empare de la vie ? Lorsque l’artiste se pose non plus comme créateur de formes ou de couleurs mais comme créateur de vie ? Quand l’art quitte l’espace de la représentation et de l’abstraction pour passer à l’acte d’une manipulation concrète du vivant ? Qu’est-ce qu’un tel art peut bien nous apprendre sur les représentations du vivant à l’heure où les biotechnologies prennent dans nos sociétés une importance de plus en plus grande? C’est précisément cette dernière interrogation qui nous suivra tout au long de cet essai.

L’éclairage sociologique que nous tenterons d’y apporter se fondera sur l’analyse d’un mouvement artistique contemporain : l’art transgénique. Mouvement s’inscrivant, plus largement, dans la perspective d’un champ nouveau d’investigation artistique, l’art biotechnologique, dont notre premier chapitre s’attardera à recontextualiser les pratiques dans le monde de l’art actuel. Nous verrons alors en quoi ces pratiques font écho au nouveau régime postmoderne de l’art, celui de la « communication ». Après avoir esquissé le panorama général du contexte artistique dans lequel se meut l’art biotechnologique, il nous faudra dans un second temps expliciter les considérations méthodologiques de cet essai.

C’est ainsi que le second chapitre sera, tout d’abord, consacré à la formulation de notre problématique, soit la représentation du « vivant » dans l’art transgénique d’Eduardo Kac. Problématique que nous aborderons à partir de l’hypothèse de travail suivante : la logique sémantique qui définit la représentation du vivant d’Eduardo Kac est un cas « idéal-typique » d’une nouvelle représentation du vivant dont le cadre paradigmatique est issu du modèle informationnel. Nous devrons ensuite justifier la pertinence sociologique de ce travail et établir, précisément, notre stratégie analytique qui consistera à l’analyse des discours d’Eduardo Kac sur ses œuvres d’art transgénique.

Notre troisième chapitre s’intéressera, plus particulièrement, à définir la spécificité de son « projet » artistique et à saisir dans quelle mesure Kac considère l’art transgénique dans la continuité logique de celui-ci.

Prenant pour matériau d’analyse les discours de l’artiste sur ses oeuvres, notre quatrième chapitre étudiera les intrications conceptuelles entre la représentation du vivant qui s’y dégage et le « paradigme informationnel ». Nous verrons que par la mise en relation des propos de Kac avec les derniers développements en biologie, il sera possible d’appréhender un nouvel espace de discours à l’intérieur duquel le vivant est pensé en termes informationnels. Ceci nous permettra de prendre la mesure sociologique des implications de la technoscience sur les représentations du vivant. Mais, aussi, d’éclairer les enjeux culturels et symboliques auxquels nous confronte la manipulation de la vie.

Notre dernier chapitre tentera alors d’ouvrir la réflexion en montrant comment la représentation informationnelle du vivant soulève la question du biopouvoir et celle du posthumain.


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