In: Jens Hauser, ed. L'Art Biotech. Catalog. (Le Lieu Unique, Nantes, France, 2003), pp. 33-42.
Transformation du vivant mutation de l'art
Eduardo Kac
Pendant près de 20 ans, mon travail a consisté à explorer les frontières entre lhomme, lanimal et le robot (1). Aussi peut-on considérer lart transgénique comme le prolongement naturel de mes travaux antérieurs. Lart de la téléprésence, que jai développé depuis 1986, fait coexister des humains avec dautres êtres humains et non-humains, via des corps télérobotiques. Dans mon art biotélématique, développé depuis 1994, biologie et mise en réseau ne se contentent plus de coexister mais sont couplées, ce qui donne lieu à un hybride entre le vivant et la télématique. Avec lart transgénique, que jai abordé en 1998, le vivant et le technologique ne font plus quun. Certaines des implications de ce travail concernent le champ social, rencontrant plusieurs disciplines et fournissant la matière à de plus amples réflexions et discussions.
Depuis 1997, jemploie le terme de bio art pour nommer mes travaux impliquant des agents biologiques (par opposition aux objets biologiques), comme Time Capsule (2) et A-positive (3). Ce qui différencie lagent biologique de lobjet biologique est que le premier implique un principe actif tandis que le second suppose une simple isolation matérielle. En 1998, jai lancé le concept et lexpression d'art transgénique (4) et proposé lidée de créer (et dintégrer socialement) un chien exprimant la protéine vert fluorescent (GFP). Cette protéine est couramment utilisée comme biomarqueur en recherche génétique ; mais mon idée était avant tout dutiliser ses propriétés visuelles en un geste symbolique, comme marqueur social. Lart transgénique, nouvelle forme artistique utilisant le génie génétique afin de créer des êtres vivants uniques, doit être manié avec la plus grande prudence et la conscience des questions complexes quil soulève, et surtout en sengageant au respect, au soin et à lamour de lêtre vivant ainsi créé.
Mon projet nommé GFP K-9, en cours depuis 1998, passe en revue la longue histoire de la domestication du chien par lhomme et de leurs relations, et souligne la forte influence de lhomme sur lévolution canine (5). Rappelant que lon ne rencontre pas de hordes de caniches ou de chihuhuas dans la nature, et que la création du chien à partir du loup fut un acte technologique même si lon semble lavoir oublié je souligne les relations complexes entre le chien et lhomme durant leur longue histoire commune, qui daprès les données archéologiques remonte au moins à 14 000 ans. La discussion à propos du projet et des questions quil soulève a toujours été un de mes buts premiers. Selon moi, le débat doit aller au-delà de la décision politique et de la recherche académique pour englober le grand public, y compris les artistes.
La première réaction du public au projet GFP K-9 fut une curiosité mêlée dincrédulité. Le projet est parfaitement viable mais, bien peu semblaient croire quil pourrait être, ou serait, réalisé. En bataillant pour trouver des partenaires susceptibles de maider à créer GFP K-9, jai moi-aussi réalisé que la technologie reproductive canine nétait pas assez développée, à lépoque, pour me permettre de créer un chien exprimant la GFP (6).
GFP Bunny
En 2000, jai annoncé la réalisation dun projet intitulé GFP Bunny (Lapin GFP). Ce travail englobait la création dun lapin vert fluorescent ("Alba"), le débat public suscité par le projet et lintégration sociale du lapin. Alba est née, une lapine douce et en bonne santé.
Je naurais pas pu réaliser ce travail sans la précieuse contribution de Louis Bec et Louis-Marie Houdebine. L. Bec a tenu le rôle de producteur, coordinant des activités en France, tandis que L.M. Houdebine, de lInra de Jouy-en-Josas, y a apporté sa compétence en biotechnologie. GFP Bunny devait être présenté dans le cadre du festival Avignonumérique, en juin 2000. Javais lintention de minstaller avec la lapine, pendant une semaine, dans la galerie du Grenier à sel, à Avignon, afin que le public nous rencontre tous les deux. Puis je laurais emmenée à Chicago partager ma vie et celle de ma famille.
Malheureusement, lancien directeur de linstitut où est née Alba a imposé sa décision aux chercheurs qui avaient travaillé sur le projet, et sest opposé à ce quAlba soit montrée à Avignon puis me suive à Chicago. Si lobjectif était de contourner lattention des médias, il y eut un retour de flamme. L. Bec et moi avons dénoncé cette censure via Internet et par des interviews dans la presse (7). GFP Bunny est devenu un scandale médiatique international après avoir fait la Une du Boston Globe, partageant les gros titres avec les Jeux olympiques 2000 et la campagne présidentielle aux Etats-Unis (8). Des articles sur Alba ont été publiés dans tous les grands pays, les agences de presse se chargeant de diffuser la nouvelle dans le monde entier (9). Alba sest également retrouvée en première page du Monde le 5 octobre 2000.
Dans le cadre de mon combat international pour obtenir la libération et la garde dAlba, jai organisé une campagne à Paris en décembre 2002, comprenant des conférences, des émissions, des rencontres publiques et privées, et laffichage dune série de sept posters dans les lieux publics. Jen ai placé dans divers quartiers, tels le Marais, le Quartier Latin, Saint-Germain, le Champs de Mars, Bastille, Montparnasse et Montmartre. Ces affiches illustrent différentes lectures possibles du projet GFP Bunny. Elles montrent la même photo dAlba et moi, surmontée de mots différents : Art, Médias, Science, Ethique, Religion, Nature, Famille.
De mi-2000 à début 2003, les incessantes réactions à GFP Bunny ont été à la fois intenses et fascinantes, accompagnées dun débat fécond où soutien et opposition étaient aussi forts lun que lautre. Comme je lespérais, le débat sest intensifié, est devenu plus riche, plus subtil et nuancé. Ces réactions à GFP Bunny constituent en soi un matériau extrêmement riche. Pendant cette période, lhistoire de GFP Bunny a été adaptée et personnalisée par les organes de presse dans le monde entier, souvent en créant de nouvelles histoires qui, intentionnellement ou non, ont rétabli ou négligé les faits. Dans ma série de photos « Libérez Alba », je me réapproprie cette couverture médiatique et la replace dans son contexte, en montrant quelle tension productive produit lart contemporain lorsquil fait irruption dans les informations générales. Je continuerai à développer des stratégies pour attirer lattention du public sur Alba et obtenir sa mise en liberté.
La présence des biotechnologies va évoluer de plus en plus, passant des pratiques agricoles et pharmaceutiques à un rôle élargi dans la culture populaire, tout comme a évolué la perception de lordinateur, dabord considéré comme un système industriel et darme militaire avant de devenir un outil de communication, de divertissement et de formation. Des termes dabord considérés comme « techniques » , comme megabytes ou ram, par exemple, font partie du langage de tous les jours. De la même façon, un jargon qui na pas sa place aujourdhui dans le vocabulaire courant, comme les termes marqueur ou protéine, par exemple, va simplement sintégrer au parler quotidien. Cela semble évident lorsquon sait quaux Etats-Unis, les lycéens créent couramment des bactéries transgéniques dans les laboratoires scolaires, grâce à des kits bon marché. La vulgarisation de certains aspects du discours technique entraîne inévitablement le risque de propager une vision du monde basée sur une idéologie réductrice et instrumentalisante. Sans renoncer à son droit à lexpérimentation formelle et à linventivité, lart peut, lart doit contribuer à lapparition de visions alternatives du monde qui sopposent aux idéologies dominantes. Comme lont déjà fait des artistes utopistes ou contre-utopistes tels que Moholy-Nagy et Tinguely, je mapproprie et subvertis les technologies contemporaines non pour émettre des commentaires détachés sur les changements sociaux, mais pour participer à lélaboration dune vision critique, pour donner une réalité physique à de nouvelles entités (art qui inclut les organismes transgéniques) inventées pour ouvrir un nouvel espace à lexpérience esthétique, quelle soit émotionnelle ou intellectuelle.
Genesis
Genesis (10) est une uvre transgénique qui explore létroite relation entre la biologie, les systèmes de croyance, les technologies de linformation, l'interaction dialogique, léthique et Internet. Lélément clé de ce travail est un « gène dartiste », un gène artificiel créé en traduisant en Morse un verset de la Genèse, puis en convertissant le code Morse en paires de bases nucléiques de lADN, selon un code de conversion spécialement créé. Le verset dit : « Que l'homme domine les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. »
Je lai choisi car il fonde la notion douteuse mais sanctionnée par Dieu de la suprématie de lhomme sur la nature. Le code Morse, premier exemple dutilisation de la radiotélégraphie, représente laube de lâge de linformation, la genèse de la communication globale. Le gène de Genesis a été transféré à des bactéries, qui sont exposées. Les participants peuvent déclencher depuis le Web lallumage dune lampe à ultra-violets dans la galerie, ce qui provoque des mutations reélles, biologiques, chez les bactéries. Cela altère le verset biblique dans leur génome. Après la première présentation de Genesis (à Ars Electronica99, Linz/Autriche), lADN des bactéries a été séquencé, re-traduit en Morse puis en anglais. A chaque présentation de ce travail, les mutations qui se produisent dans lADN modifient de façon inattendue le verset original de la Bible. La possibilité d'alterer cette phrase a une portée symbolique : cela signifie que nous n'accepterions pas son sens originel, et que de nouveaux sens émergent alors que nous cherchons à la modifier.
Transcription Jewels (Les joyaux de la transcription) est un ensemble de deux objets enchâssés dans un coffret rond en bois, réalisé sur-mesure. Lun des « joyaux » est une « bouteille de génie » en verre, ornée de motifs dorés et contenant 65 mg de lADN Genesis purifié. « Purifié » signifie que dinnombrables copies du gène ont été isolées des bactéries qui les fabriquaient, puis accumulées et filtrées dans une fiole. Le gène est ici exposé hors du contexte de lorganisme, sa signification délibérément réduite à celle dune simple entité formelle, afin de souligner que sans prise en compte du rôle primordial de lorganisme et de lenvironnement, le gène « inestimable » devient « sans valeur ». Lautre « joyau » est une sculpture dorée, tout aussi petite, représentant la structure tridimensionnelle de la protéine Genesis. Présentant les éléments emblématiques de la révolution biotechnologique (gène et protéine) comme des objets précieux, Transcription Jewels est un commentaire ironique sur lactuelle transformation en marchandise des moindres aspects de la vie. Le gène purifié et la protéine de Transcription Jewels ne proviennent pas dun organisme naturel, mais ont été créés spécifiquement pour luvre Genesis. Au lieu dun « génie », on trouve dans la bouteille la nouvelle panacée : le gène. Inerte, isolé, scellé dans le flacon miniature, ce gène ne peut exaucer aucun de nos vux dimmortalité, de beauté ou dintelligence. Ainsi, lironie prend un tour critique du fait que la « précieuse marchandise » est dépourvue de toute application réelle.
Des termes tels que transcription », « code », « traduction », et beaucoup dautres dusage courant en biologie moléculaire, trahissent une position idéologique, un amalgame de métaphores linguistiques et dentités biologiques, dont le but rhétorique est dinstrumentaliser les processus du vivant. Selon les termes de Lily E. Kay, cette fusion tend à ramener « la notion de code génétique en tant que rapport [entre les gènes et les protéines] à celle dun code de lADN en tant que chose » (11). Les multiples mutations subies par les bactéries dans Genesis nous amènent à questionner la soi-disant suprématie de la « molécule maîtresse ». La série Genesis qui comprend linstallation, Transcription Jewels et dautres travaux sinterroge sur le battage autour de la génétique et soppose à cette menacante interprétation biodéterministe, affirmant que nous devons toujours considérer la vie comme un système complexe, situé à la croisée des systèmes de croyance, des principes économiques, des paramètres légaux, des directives politiques, des lois scientifiques et des concepts culturels.
The 8th Day - une installation internet transgénique
Le Huitième Jour est une oeuvre dart transgénique qui explore lécologie des créatures fluorescentes évoluant dans le monde. Elle a été présentée du 25 octobre au 2 novembre 2001 à lInstitut détude des arts de lArizona State University (Tempe) (12). Ces créatures fluorescentes, développées indépendemment dans divers laboratoires, apparaissent pour la première fois ensemble dans ce travail, et forment ainsi le noyau dun nouvel écosystème artificiel et bioluminescent. Cette pièce regroupe des formes de vie transgénique et un robot biologique (biobot) dans un environnement clos, sous un dôme de Plexiglas, montrant ainsi à quoi ressembleraient ces créatures si elles co-existaient en liberté dans le monde.
Lorsque le spectateur entre dans la galerie, il voit dabord une demi-sphère bleue luisant dans le noir. Cest le dôme, haut dun mètre vingt, éclairé par la lumière bleue qui brille à lintérieur. On entend également le son répétitif du ressac. Cela évoque limage de la Terre vue de lespace. Le son de leau constitue une métaphore de la vie sur Terre (renforcé par limage de la sphère bleue), tout en renvoyant aux images video deau en mouvement projetées sur le sol. Pour voir Le Huitième Jour, le spectateur est invité à « marcher sur leau ».
Le Huitième Jour présente une extension de la biodiversité au-delà des formes de vie naturelles. En tant que système écologique artificiel et isolé, il renvoie à son titre qui ajoute un jour à la création du monde narrée par les Ecritures judéo-chrétiennes. Tous les êtres transgéniques de Le Huitième Jour ont été créés avec le gène auparavant utilisé pour GFP Bunny, un gène qui leur permet démettre une lueur verte sous une lumière bleue inoffensive. On y voit des plantes GFP, des amibes GFP, des poissons GFP et des souris GFP. Les deux forces clés de lévolution sont la mutation et la sélection. Le Huitième Jour pose la question de lévolution transgénique, puisque chaque organisme de linstallation diffère par une mutation de son type sauvage, et a été sélectionné et élevé en raison de cette mutation GFP.
Le Huitième Jour comprend aussi un biobot, cest-à-dire un robot muni dun élément biologique actif, responsable de certains aspects de son comportement. Le biobot contient une colonie damibes GFP appelées Dyctiostelium discoideum qui lui tiennent lieu de « cellules cérébrales ». Elle forment un réseau cellulaire au sein dun bioréacteur qui constitue la « structure cérébrale » du biobot. Lorsque les amibes se divisent, le biobot sactive dans lenvironnement clos. Il enregistre les modifications de la colonie damibes (les cellules cérébrales), changements qui déclenchent ses déplacements. Le biobot remplit aussi dans cet environnement le rôle davatar des participants du Web (13). Le mouvement autonome du biobot, qui souvent se penche en avant dans différentes directions, offre aux participants du Web de nouvelles perspectives sur lécosystème.
Le « cerveau amibien » du biobot est visible à travers lenceinte transparente du bioréacteur. Dans la galerie, les visiteurs peuvent voir le terrarium et ses créatures transgéniques de lextérieur et de lintérieur du dôme, un ordinateur leur montrant exactement à quoi ressemble lexpérience depuis lInternet. En permettant aux participants dappréhender lenvironnement intérieur du dôme du point de vue du biobot, Le Huitième Jour crée une situation les incitant à réfléchir - à la première personne - sur la signification d'une telle écologie transgénique.
Conclusion
A lévidence, le génie génétique aura encore de profondes conséquences sur lart aussi bien que sur les sphères sociale, médicale, politique et économique de notre vie. En tant quartiste, je mintéresse aux multiples implications sociales de la génétique, des abus inadmissibles aux promesses, depuis la notion de « code » à la question de la traduction, de la synthèse des gènes au mécanisme de la mutation, des métaphores utilisées en biotechnologie à la fétichisation des gènes et des protéines, des récits simplificateurs aux visions complexes qui prennent en compte les effets environnementaux. Il est urgent de dévoiler les significations implicites de la révolution biotechnologique et de contribuer à lémergence de points de vue alternatifs, transformant ainsi la génétique en un medium artistique nouveau, critique et conscient.
La coexistence réelle et symbolique de lhomme et du transgénique démontre que les humains et les autres espèces co-évoluent dune façon nouvelle. Elle met en scène lurgente nécessité de développer de nouveaux modèles pour penser ce changement, et appelle à une réflexion sur la différence prenant en compte les clones, les êtres transgéniques et les chimères.
Le Projet génome humain (HGP) a clairement révélé que tous les hommes ont dans leur génome des séquences provenant de virus (14), acquis durant une longue histoire évolutive. Cela prouve que nous portons dans notre corps de lADN dorganismes non humains. Au bout du compte, cela signifie que nous sommes transgéniques nous aussi. Avant de decréter que tous les êtres transgéniques sont « monstrueux », les humains devraient se regarder et assumer leur propre « monstruosité », cest-à-dire leur propre condition dêtres transgéniques.
Lidée reçue selon laquelle les êtres transgéniques ne sont pas « naturels » est fausse. Il est important de compendre que le transport de gènes dune espèce à un autre fait partie de la nature (sans intervention humaine). Lexemple le plus commun en est la bactérie appelée Agrobacterium, qui pénètre dans les racines des plantes et leur transmet ses gènes. Agrobacterium est capable de transférer de lADN dans les cellules végétales, et de lintégrer dans les chromosomes de la plante (15).
Lart transgénique invite à repenser les notions romantiques de ce qui est « naturel » et à reconnaître le rôle de lhomme dans lhistoire évolutive des autres espèces (et vice versa), tout en nous émerveillant avec respect et humilité devant ce stupéfiant phénomène que nous appelons la « vie ».
NOTES
1 - Peter Tomaz Dobrila & Aleksandra Kostic (eds.), Eduardo Kac : Telepresence, Biotelematics, Transgenic Art (Maribor, Slovenia : KIBLA, 2000). Voir aussi: http://www.ekac.org.
2 - Time Capsule a été réalisé le 11 novembre 1997 au centre culturel de la Casa das Rosas de Sao Paolo, au Brésil. Lobjet qui donne son nom à la pièce est une « puce » de mémoire informatique, qui contient un nombre. Lorsque les spectateurs sont entrés dans la galerie où est installé ce travail, ils ont vu un cadre de lit horizontal, sept photographies de famille couleur sépia, prises en Pologne dans les années trente, un ordinateur en ligne branché sur le Web, un doigt télérobotique et un équipement de télédiffusion. Devant les photographies sépia, jai implanté la puce mémoire, en direct sur la télévision et linternet. Après quelle ait été lue en ligne, je me suis enregistré moi-même, via le web, dans une base de données installée aux Etats-Unis. Je me suis inscrit à la fois comme un animal et comme son propriétaire, sous le même nom.
3 A-positive a été réalisé en le 24 septembre 1997, à la Gallery 2 (Chicago). Ce travail, créé avec la collaboration d'Ed Bennett, interroge les subtiles relations existant entre le corps humain et les machines hybrides qui incorporent des éléments biologiques et en tirent des fonctions métaboliques ou sensorielles. Ce travail crée une situation où lêtre humain et le robot sont en contact via une aiguille intraveineuse connectée à une tuyauterie transparente les reliant lun à lautre dans une relation mutuelle de nourrissage. Dans A-positive, le corps humain procure au robot des éléments nutritifs vitaux en donnant effectivement son sang; le biobot laccepte et en extrait assez doxygène pour entretenir une flamme faible et instable, un symbole archétypique de la vie. En échange, le robot donne du dextrose au corps humain, qui le reçoit par voie intraveineuse.
4 - Kac, E. "Transgenic Art", Leonardo Electronic Almanac, Volume 6, Numéro 11, 1998. aussi : http://www.ekac.org/transgenic.html
5 Eduardo Kac, Transgenic Art, Leonardo Electronic Almanac, Vol. 6, N. 11, December 1998. Aussi dans: Ars Electronica 99 - Life Science (Vienna, New York: Springer, 1999), pp. 289- 296.
6 A lheure actuelle, la technologie reproductive canine nest encore pas assez développée pour créer des chiens transgéniques ou clonés. Cependant, des travaux sont en cours pour décrypter le génome canin et développer la FIV canine. A lévidence, GPF K-9 pourra exister dans un proche futur.
7 Dans un email général émis le 16 juin 2000, Bec écrivait : « Contre notre volonté, le programme concernant Artransgénique, qui devait se dérouler du 19 au 25 juin, se trouve modifié. Une décision injustifiable nous prive de la présence de Bunny GFP, le lapin transgénique fluorescent que nous comptions présenter aux Avignonnais et à l'ensemble des personnes intéressées par les évolutions actuelles des pratiques artistiques. Malgré cette censure déguisée, l'artiste Brésilien Eduardo Kac, auteur de ce projet, sera parmi nous et présentera sa démarche ainsi que l'ensemble de ses travaux. Un débat public permettra d'ouvrir une large réflexion sur les transformations du vivant opérées par les biotechnologies, tant dans les domaines artistiques et juridiques, qu'éthiques et économiques. Nous nous élevons de toute évidence contre le fait qu'il soit interdit aux citoyens davoir accès aux développements scientifiques et culturels qui les concernent si directement. »
8 Larticle du Boston Globe expliquait : « Kac et Alba restent séparés pendant que Kac essaie de persuader le laboratoire public français, appelé Institut national de la recherche agronomique, de lui accorder la garde du lapin. Le scientifique qui la créée pour Kac, Louis-Marie Houdebine, affirme ne pas savoir quand, ni si, Alba sera autorisée à rejoindre Kac, mais a ajouté quelle est en bonne santé, et a noté quelle est « particulièrement douce et câline ». Voir : Cook, Gareth. "Cross hare: hop and glow", Boston Globe, 9/17/2000, p. A01.
9 Pour une bibliographie sur lart transgénique, voir : http://www.ekac.org/ transartbiblio.html.
10 Kac, E. Genesis, Gerfried Stocker et Christine Schopf (eds.), Ars Electronica '99 - Life Science (Vienna, New York: Springer, 1999), pp. 310-313. Aussi: http://www.ekac.org/geninfo.html. Genesis a été réalisé avec laide du Dr. Charles Strom, ancien directeur du Medical Genetics, Illinois Masonic Medical Center, à Chicago. La « musique ADN » originale de Genesis a été composée par Peter Gena.
11 - Voir: Kay, Lily E., Who Wrote the Book of Life: A History of the Genetic Code (Stanford University Press, 2000), p. 309. Pour une analyse détaillée des stratégies réthoriques de la biologie moléculaire, voir : Doyle, Richard, On Beyond Living : Rhetorical Transformations of the Life Sciences (Stanford, Calif. : Stanford University Press, 1997).
12 - Léquipe du Huitième Jour: Richard Loveless, Dan Collins, Sheilah Britton, Jeffery (Alan) Rawls, Jean Wilson-Rawls, Barbara Eschbach, Julia Friedman, Isa Gordon, Charles Kazilek, Ozzie Kidane, George Pawl, Kelly Phillips, David Lorig, Frances Salas et James Stewart. Remerciements supplémentaires à Andras Nagy, de lInstitut de recherche Samuel Lunenfeld, Toronto; Richard Firtel, Université de Californie à San Diego; Chi-Bin Chien, Université de lUtah, Salt Lake City, et Neal Stewart, Université de Caroline du Nord, à Greensboro. Documentation disponible à http://www.ekac.org/8thday.html.
13 - Dans la galerie, les visiteurs peuvent voir le terrarium avec les créatures transgéniques à la fois de lextérieur et de lintérieur du dôme. Si lon se tient à lextérieur pour regarder dedans, on perçoit lespace du point de vue du biobot regardant à lextérieur, et percevant à la fois lenvironnement transgénique et les visages ou les corps des spectateurs. Dans la galerie, un ordinateur en ligne montre également aux visiteurs locaux ce à quoi ressemble exactement lexpérience vue de loin, sur linternet. Les visiteurs locaux peuvent un instant simaginer que leur regard est le seul regard humain contemplant les organismes du dôme. Cependant, lorsquils naviguent sur linterface Web, ils réalisent que des spectateurs lointains peuvent aussi voir une vue densemble de lexpérience, par une caméra installée verticalement au-dessus du dôme. Ils peuvent faire un panoramique, incliner, faire un zoom, voir les humains, les souris, les plantes, les poissons et le robot en gros plan. Ainsi, du point de vue du participant sur Internet, les visiteurs locaux deviennent partie intégrante de lenvironnement des créatures vivantes montrées dans ce travail, comme enfermées dans une « websphère ».
14 - Voir Brown T. A.. Genomes (Oxford, UK : Bios scientific publishers, 1999), p.138; et Baltimore, David. "Our genome unveiled", Nature 409, 15.2.2001, pp. 814-816
15 - Cette capacité naturelle a fait de la version génétiquement modifiée dAgrobacterium un des outils favoris de la biologie moléculaire. Voir : Shilperoort R.A. (1992). Agrobacterium and plant genetic engineering. Plant Molecular Biology 19:15-38.
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